2 min read

Jour 13

Journal de bord de la traversée du Pacifique
Jour 13
Turtles swimming in a stream, Utagawa Hiroshige 歌川 広重, 1840, CC0 Public Domain Designation

Grand soleil. Lego, Fin de lecture des "Dépossédés". Réflexion lancinante : à quoi ressemblerait un monde où la seul propriété découlerait de l'usage ? Personne ne détient tant qu'il n'use pas de quelque chose, et la propriété serait un moment éphémère plus qu'un état de fait.

Pèche heureuse (un thon et une dorade). À une heure du matin, on rentre le foc d’artimon qu’on avait sorti quelques heures auparavant. Même par 12 nœuds, ça bouge sévère, Les deux mains sur la voile, tout mon poids ancré en arrière, mes 80 kilos se font bouger sans effort et sans ménagement par cette grande voile aux allures de parachute.

Big sail on a boat.
C'est grand, c'est beau, c'est magnifique, mais ça bouge comme un âne mal poli.

Petite réalisation anodine de vérités extraordinaires : nous avançons sur une coque en fonte sur le plus grand océan du monde. Pas de péage, pas de relais postaux, pas de parking ni de Super U.

“Crossing the Line,” steel engraving after drawing by Augustus Earle, in Robert Fitzroy, Narrative of the Surveying Voyages of His Majesty's Ships Adventure and Beagle, 1839 (Linda Hall Library)
Le jour de la traversée de l’équateur approche... “Crossing the Line,” by Augustus Earle, 1839 (Linda Hall Library)

Il est des quarts durs à prendre. Celui d'une heure du matin par exemple quand, après 3h de repos disponible, vous n'avez pu dormir qu'une sur trois, une main vous touche l'épaule et une voix vous dit "c'est l'heure". Vous savez alors que 3 heures de nuit debout vous attendent, dans la solitude et le froid, 3 heures avec les voiles que vous ne quittez pas des yeux et avec la lune qui, elle, finira par se coucher avant que votre quart ne soit terminé.