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Le Panama : un pays surprenant

Voyagez dans l'isthme des Amériques, le pont entre les cultures du nord et du sud. Immergez-vous dans la riche culture locale, la nature foisonnante et partagez vos meilleurs sourires avec les gens, toujours eux, qui viennent d'ici ou d'ailleurs, avec des rêves plein les poches.
Un crocodile dans le parc national Coiba au Panama.

Le Panama, c'est un isthme. Un pont entre le sud et le nord. Un lieu de rencontres et d’échanges. Depuis les quelques millions d’années qu'il relie les deux Amériques, il n'a jamais cessé d’être un point névralgique pour les humains autant que pour les animaux.

Un isthme qui, depuis le XVIe siècle, a été investi par des puissances étrangères, qui y voyaient une opportunité d'y installer un canal pour relier les océans Atlantique et Pacifique. Un gain de temps qui constitue aujourd'hui le gagne pain du pays.

Mais le Panama - entendé-je dire la voix à l’intérieur de moi - c'est son canal et c'est tout, pas vrai ? D'accord c'est un isthme, mais c'est surtout un raccourci, hein ? Parce que j'peux pas tout savoir moi, le monde est trop grand, trop vaste, il y a trop de pays, trop de choses à connaître. Il me faut des repères, des raccourcis, autrement qu'est-ce que j'dirai quand on parlera de tel ou tel pays ?

Donc on dit que le Panama, c'est son canal, et puis basta, non ? On dit que tout le monde y travaille, que toutes les discussions le mentionnent, que tout tourne autour de ses écluses et des quantités astronomiques d'eau qu'il utilise (comme tout le pays d'ailleurs, 4e plus grand consommateur d'eau au monde par habitant).

Une carte du canal de Panama.
La carte du canal de Panama. Source : Thomas Römer/OpenStreetMap data

Eh bien non ! Le Panama, c'est un pays complexe, une histoire de migrations, une suite de pillages par les pirates des caraïbes, de présidents soumis aux yankees et de dictateurs sanguinaires, un tissu de cultures métisses, de grenouilles et de reptiles encore inconnues. Le Panama, c'est une surprise !

À mon arrivée ici, et après avoir été ébloui par les îles San Blas en territoire Guna Yala (et ce malgré la compagnie désagréable de mon hôte riche et malpoli), je me suis rendu dans le petit village de surfers de Santa Catalina pour faire une pause. Je devais chercher des bateaux pour la Polynésie, j'ai préféré, après l'épisode Ron, partir prendre l'air et j'ai bien fait parce que Santa Catalina, c’était tout ce dont j'avais besoin.

L’océan, les vagues, le silence ; du temps pour écrire, du temps pour faire des photos. Ainsi, quand je rencontre Churre (prononcez "tchouré") , qui gère un tour operator et qui se rend régulièrement avec des clients dans le parc national Coiba, je lui propose mes services d'apprenti photographe. Il accepte et on embarque dans l'un des joyaux de la côte pacifique panaméenne.

Requin taureau, tortues, mérous, crocodile, iguanes. Le panorama est époustouflant et les habitants de l’océan et des 38 îles qui composent le parc le sont tout autant.

En plus de l'océan, les copains et les copines, tous hippies, tous reggae, tous descendants de la même racine d'arbre de chill. On cuisine ensemble, on va à la plage ensemble, on joue aux cartes ensemble, on fonce dans les vagues ensemble ; et puis on s'écoute parler, et on lit ensemble et on boit le silence ensemble, comme si on se connaissait depuis toujours.

Après cette recharge de batteries, je quitte finalement ce lieu enchanté pour reprendre la route de la grande ville. Les bateaux m'attendent. Lesquels ? C'est un détail. Les bateaux m'attendent et il faut que je les rejoigne parce que le Fenua n'attend pas.

Alors le Panama c'est tout ça, mais le Panama, c'est aussi un pont dangereux. Un pont que les migrants venus d'ailleurs (du Venezuela surtout) traversent au péril de leurs vies. Un pont où les milices les attendent pour leur soutirer les quelques dollars qu'ils leur restent. Un pont humide, où la moindre blessure s'infecte, où un pied cassé est souvent synonyme de mort lente.

Le Panama, c'est un aussi un pays de brigands des côtes, de conquistadors barbus, d’indigènes rebelles, de pirates qui semèrent la terreur, comme l'anglais Henry Morgan qui provoqua indirectement l'incendie qui ravagea la vieille ville de Panama (le gouverneur de la ville, sachant Morgan proche, eut la bonne idée d'ordonner la destruction des stocks de munitions... qui prirent feu, feu qui se répandit et permit à Morgan d'entrer dans la ville).

"Cuéntamelo Chabelito", petite capsule pédagogique où les voix des enfants ne pouvaient pas être plus caricaturales.

Le Panama, c'est aussi une histoire intrinsèquement liée aux Etats-Unis depuis que l'empire du nord a décidé que le canal était une composante stratégique beaucoup trop importante (notamment dans sa confrontation avec la Chine) pour que les panaméens et panaméennes décident librement de son futur.

Documentaire sur l'invasion étasunienne en décembre 1989. Source : El Diario NY

Dernier signe de cette idée, la pression que Trump mis sur le pays pour récupérer deux ports, stratégiques pour le canal de Panama, qui appartenaient jusqu'alors à une compagnie Hongkongaise et qui sont depuis passés aux mains du géant américain BlackRock.

Alors le Panama, c’est toujours "juste son canal" ?

PS : Au fait, j'l'ai traversé ce canal... Et alors ? À suivre 😉

Commentez, partagez, faites connaître si vous aimez, pour que je rassemble assez de sous pour racheter les ports que BlackRock détient pour en faire des immenses campements hippies, avec des balançoires, des yourtes, des plants de romarin et des piscines à galets.